

Les sculptures de Thierry Ligismond se tiennent dans un espace suspendu entre matière et souffle. Elles semblent arrachées à un rêve ancien, modelées non seulement par les mains de l’artiste mais par quelque chose de plus ancien, de plus intérieur : une mémoire de l’âme.
Chaque visage qu’il façonne porte en lui une densité presque mystique. Ce ne sont pas des portraits réalistes, mais des présences. Ils ont le silence des icônes et la tension des prophètes. Leur expressivité, marquée par des traits taillés à vif, témoigne de la lutte intérieure, de la contemplation, de la brûlure de l’existence. Ces visages semblent avoir traversé le feu, et c’est peut-être pour cela que certains d’eux s’ouvrent encore sur la lumière.
Ce qui frappe dans le travail sculptural de Ligismond, c’est sa capacité à transmettre l’émotion brute, l’émotion nue. Il ne cherche pas à plaire, il cherche à dire. Les bouches entrouvertes, les regards creusés, les rides comme des lignes de vie ou de souffrance : tout converge vers une parole muette, une spiritualité palpable, une présence au monde douloureuse et sublime.
Le bronze, souvent utilisé dans ses sculptures, devient sous ses mains un matériau vivant. Il palpite. Il transpire. Ligismond n’en fait pas un objet figé mais un corps habité. Parfois, on a l’impression que ses sculptures respirent encore, comme si elles n’étaient pas tout à fait nées, pas tout à fait mortes. Elles sont dans un entre-deux mystérieux — celui de l’éveil ou de la prière.
Dans cette série de visages, il y a quelque chose de sacré. Pas au sens religieux, mais dans cette capacité à nous mettre en relation avec le mystère de la vie intérieure. Comme si l’artiste nous offrait un miroir — non pas de notre apparence, mais de notre être profond.
Contempler une sculpture de Ligismond, c’est être confronté à soi-même, à sa propre faille, à sa propre lumière. C’est se sentir vu. Vu dans sa vulnérabilité, dans sa grandeur, dans sa vérité.

Chez Thierry Ligismond, la sculpture ne cherche pas à figer une forme, mais à révéler une présence en devenir. Chaque visage semble émerger lentement d’une matière en lutte, comme s’il surgissait du silence pour trouver souffle. Ces figures inachevées, parfois à peine ébauchées, ont la puissance des visions. Elles ne disent pas tout, elles laissent entrevoir.
Ce qui frappe, c’est cette tension entre la rudesse du geste et la finesse de l’âme qui s’y inscrit. Ligismond ne polit pas, il laisse les aspérités, les cicatrices du modelage, comme on laisserait sur une peau les marques du passage du temps, du doute, de la quête. Il ne cherche pas la perfection, il cherche la vérité du vivant, avec tout ce qu’elle contient de fragilité et de feu.
Ces visages nous parlent sans mots, avec cette profondeur muette que seuls les êtres traversés par l’invisible peuvent porter. Ils ne nous regardent pas : ils nous traversent. Et c’est peut-être là leur puissance. Ils viennent de loin, d’un lieu sans nom — ce lieu où l’humain et le sacré se frôlent.
Chez Ligismond, la sculpture devient une méditation incarnée. Une prière de bronze et de cendre. Un appel à regarder autrement — non pas avec les yeux, mais avec la part de nous-mêmes qui se souvient d’avoir eu une âme.
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